L’histoire de la véritable charentaise

La charentaise est née sur le territoire des 2 Charentes au 17-ème siècle sous le règne du roi louis XVI. La partie du dessus provenait des chutes de toile de feutre utilisées à la confection des uniformes de la marine royale de ROCHEFORT (en Charente maritime). La paille traditionnellement utilisée dans les sabots des paysans fut ainsi remplacée par ces coupons de chute, les rendant ainsi plus chauds et plus confortables.

La semelle de la charentaise tient son origine du recyclage des plaques de feutre tissé trame qui était employées dans les papeteries Angoumoisines (en Charente). Afin de sécher les feuilles de papier juste formées, elles étaient pressées entre 2 plaques de feutre tissé trame pour en extraire l’eau superflue. Mais après de nombreux pressages, le feutre devenait étanche à l’eau et par conséquent inutilisable. Cette matière fut donc étonnamment réemployée à la confection des semelles.

C’est ainsi que nos cordonniers savetiers ont donné vie à la Charentaise, par le recyclage des chutes textiles mises au rebut. Ils lui donnèrent cette forme si particulière, ornée d’une languette protégeant le dessus du coup de pied de la morsure du bois des sabots parfaisant ainsi leur confort. A savoir qu’à l’origine, les Charentaises n’avaient pas de pied droit et pied gauche. Les pieds droit et gauche dans les chaussures sont apparus aux alentours de 1860 par le biais de Monsieur Alexis Godillot (fabricant d’articles chaussant qui fournira l’armée française pendant de nombreuses années).

La marque Rondinaud

1907 naissance de la marque Rondinaud à La Rochefoucauld (en Charente) dans le bassin traditionnelle de production de la charentaise.

Théophile RONDINAUD, à l’époque cordonnier à la Rochefoucauld, en Charente, se lance dans la fabrication de ses confortables chaussons en feutre de laine. 

Le succès mondial vient avec James RONDINAUD (son fils), dans les années 1950, qui a l'idée de les moderniser, de les développer et de les faire connaitre dans le monde entier.

Sa version avec le dessus écossais est un modèle aujourd'hui incontournable et universellement connu.

C’est ainsi que RONDINAUD fabrique des charentaises depuis 4 générations à La Rochefoucauld-en-Angoumois, berceau historique de notre mythique pantoufle.

De la création des collections, la mise au point des modèles et jusqu’à la fabrication, chaque étape du processus de conception est menée à bien dans notre atelier où 16 artisans perpétuent ce savoir-faire centenaire dont la technique reste inchangée.

A ce jour nous sommes les derniers fabricants de charentaises en Charente selon la technique du cousu retourné artisanal mais aussi le plus ancien fabricant de ce produit emblématique, fleuron de notre département.

Le cousu-retourné

Un savoir-faire ancestral

Cette technique de cousu-retourné est véritablement un savoir-faire unique et ancestral, se transmettant de génération en génération. C’est à l’origine la particularité et singularité de nos charentaises, d’être cousues à l’envers à l’aide de machines n’étant plus fabriquées depuis les années 1950.

Elle réside dans ce geste si précis, qui dans un premier temps, consiste à assembler le dessus de la pantoufle à la semelle par une couture avec un gros fil de coton.

Vient l’étape du détournage, la charentaise est remise sur son endroit, à l’aide d’un outil appelé « chèvre ».

Le principe du cousu-retourné …

car vous l’aurez compris, est d’apporter un confort et une souplesse inégalés à la Charentaise. Cela étant dû à son assemblage n’utilisant que du fil et ne nécessitant aucune colle comparée à d’autres techniques de montage.

L’authentique feutre tissé chaîne et trame

Le confort de nos charentaises provient d’une part de la technique du cousu retourné, d’autre part de la semelle de feutre tissé chaîne et trame.

D’épaisseur de 3 ou 5 chaînes, il est facilement reconnaissable grâce aux fils de tissage visibles à l’avant ou l’arrière de la semelle et reste fabriqué dans la plus pure tradition grâce à des machines qui elles aussi remontent au début du siècle dernier.

Un point en commun avec notre charentaise !

Cette qualité bien spécifique composée de laine, coton et fibres recyclées est produite depuis 6 générations par les ETS Tournier, dans la plus pure tradition.

Dans les années 1950, l’entreprise met au point l’enduction permettant ainsi de proposer des semelles feutre antidérapantes, également nommées « confort crêpe »).

C’est aujourd’hui le dernier lainier en France, en Europe et dans le monde, labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant à fabriquer ce feutre originel qui confère à notre charentaise, son confort, son authenticité et ses lettres de noblesse.

Les étapes de fabrication

L'emporte-pièce

La découpe de la tige (partie extérieure qui recouvre la pantoufle), de la douillette (pièce en laine cousue sur la semelle) et de la semelle en feutre tissé.
A chaque pointure correspond un emporte-pièce en fer forgé.

La piqûre

L'arrière du chausson et son bord sont cousus ensemble, c’est le jointage.
La baguette, un galon de tissu, est alors cousu à l’intérieur de la tige pour assurer le confort, il s’agit du baguettage.

Le bordage

Le bordage consiste quant à lui à la pose de la bordure, un galon coloré, destiné à habiller la tranche supérieure de nos célèbres Charentaises qui peuvent désormais passer à l’opération de montage.

Le montage

Le montage est l'opération d'assemblage de la tige avec la semelle de feutre avec un point de chainette selon la technique du « cousu retourné » – c'est là toute la spécificité de la véritable charentaise.

Le retourné

Il permet de découvrir le produit fini.
Avec une extrême délicatesse mais rapidité, un artisan assis sur un petit tabouret remet le tout à l'endroit à l'aide de deux tiges en métal, la «chèvre».

Le résultat

Une pantoufle souple et confortable, sans couture visible.
Nos Charentaises sont prêtes à réconforter tous les pieds.

Et maintenant

« Que se poursuive notre activité, dans ce coin de campagne, que les nôtres ont labouré si longtemps. Là sont nos racines » dixit James RONDINAUD – extrait de « MA CHARENTAISE ET MOI » - Souvenirs recueillis par Yvon Pierron - édition Arléa